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Shin-Yiuih
18 mars 2007

Les lumières de la nuit de Shanghai resplendissent

Les lumières de la nuit de Shanghai resplendissent.
Comme une larme qui n’arriverait à pas rentrer chez elle.
La joie éclate parmi les feux d'artifice de la Fête du printemps.
La liberté, chèque en bois.

Les lumières de la nuit de Shanghai resplendissent.
Le clocher de Bund sonne 21 heures pour ton départ.
Une pluie fine du destin tombe sur le Huangpu à 9h le matin.
Voilà tes luttes, malheurs et doutes.

C’est la ville dont tu ne saurais parler clairement
Où tu cours, où tu te perds.
Ton destin comme un zazou.
Une goutte d’eau tombe dans l’étang sous le brouillard.

Les lumières de la nuit de Shanghai resplendissent,
Car elles brillent dans un pays sans lumière.
Son peuple s’endort chaque nuit,
Se réveille chaque nuit, nu ,sous les feux des lampes aux yeux toujours grands ouverts.

Personne n’a le droit de mourir ici,
Et rien ne vaut d’y naître .
Les lumières de la nuit ici resplendissent cependant,
Resplendissent 24 heures sur 24 heures dans un lieu resplendissant.

Tu es le produit de ce lieu resplendissant,
Comme un vaccin ténébreux dans un laboratoire aux lumières resplendissantes,
Quand tu t'imagines résoudre l'énigme de cet espace,
Quand ta vie fragile est bûlée au cœur d’une flamme noire comme du jais.

Les lumières de l'hiver de Shanghai resplendissent,
Comme si le démiurge avait oublié son argent.
Il n’y a plus rien à oublier,
Et plus rien à voler.

C'est comme une femme nue,
Rien ne peut transmettre ses pleurs.
Étouffée dans un espace étroit, la Rivière de Suzhou est-elle devenue propre ?
Pourquoi est-elle si crasseuse.

La saleté d'aucun lieu ne ne saurait l'égaler
Marché de l’enfer,
Toutes les monnaies peuvent circuler,
Tous les forfaits peuvent être encaissés.

Les lumières de la nuit d'ici resplendissent.
Tandis que le fleuve coule vers le lointain,
Dans le noir
La liberté que nous entendons,
L'enthousiasme au matin dans la voix du colporteur criant à tue-tête,  La destination vers laquelle le flux des ordures s écoule inflexiblement

Les lumières de la nuit de Shanghai resplendissent.
Resplendissent ici depuis des decennies.
Peut-être que viendra un temps où elle ira au bout de l'épuisement ,
Je lui dirai au revoir, ma terre natale

(Traduit du chinois par Jean Testard)


C'est le poème que j'ai écrit sur le départ de Shanghai pour la France, en décembre 2002. Mon ami Jean l'a bien traduit en 2004.  Il est un peu le poème le plus lourd dans toute ma vie qui explique le destin d'un petit voyou de Shanghai. Ce soir, dans le métro, je repense à ce vers. A la rentrée j'ai relis ce poème et fais un peu de raffinement sur la version française. La poésie est quelque chose simple, car c'est l'homme qui la fait.

shanghai1

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Commentaires
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Merci, la beauté est ce que l'on voit, carrément.
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L
Celui-là je l'aime de poème, et il n'est pas lourd, il est juste, musical, dit la beauté dans la tristesse, la tristesse dans la beauté. <br /> <br /> Louise-Frédérique S.
Répondre
J
Ne jamais l'arriver , moi!<br /> Ne jamais la quitter , toi!<br /> <br /> Si je peux voir le futur,<br /> je vais coucher dans tes murs...
Répondre
Shin-Yiuih
Shin-Yiuih

语言的边界。生命是彻底的声音。是远处的天边传来的不息的声音。像许多不息的芦苇,生生不息。
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