Bleu foncé
La poésie dans la francophonie américaine est bien vivante.
"Nous sommes des métaphores
au bord de la crise
abandonnant tout
à la flamme animale
pour renaître sur le seuil
dans le croisement
de la matière et de l'esprit"
Ces lignes de Robbert Fortin sont claires, sincères et claires. Ca me fait penser à la poésie qu'on a faite à Shanghai auparavant. Nous étions des ouvriers dans la rue qui réparent et soudent des ordures que les passagers avaient laissées. Oui, nous sommes tout passagers.
On a perdu l'identité, autrement dit, l'identité fabuleuse tue. Donc sois réaliste et le matin sera là. Il y a soixante ans, Hu Lancheng, le meilleur lettré chinois du 20e siècle, a dit dans son premier livre "Montagnes, Fleuves et Ages": "les européens sont tous centaures. ", au moment de la crépuscule de l'univers chinois. Il est un peu trop fier de sa culture natale, comme je suis un peu trop fier d'être Shanghaien. La fierté fait aveugler.
Je me trouve heureux de pouvoir redémarrer le trajet du destin spirituel à l'autre côté de la terre, en apercevant quelque chose de proche.
Ce que l'occident m'a apporté, et m'a fait comprendre, est le courage, le courage de traverser le tunnel noir noir noir interminable, le courage d'être soi-même, d'établir un 1 à côté du 1 oriental éternel, de se plaire, de rire devant notre dieu fabuleux, après tout, de vivre, de vivre à présent, de vivre quelque mine joyeuse que M. Confucius a eu dans ses jours. Aux débats chinois, c'était jamais la raison qui se dit, mais le dit qui se dit.
La poésie des voyous shanghaiens ne parle pas de raison, les poètes québécois que j'ai rencontrés y est aussi loin. Alors le petit démon chinois à mon intérieur disait oui, on est dans la voie correcte. La grandeur de la pensée chinoise se situe sur la croyance et la confiance pour la terre et le ciel, pour l'humain. Si cette confiance s'existe plus, ce n'est pas la peine de survivre, autrement dit, on n'a plus le droit de vivre sur la terre. Robbert, voilà ce que le jeune homme chinois devant le char tenait dans son sein. On n'a pas le droit de vivre sur quelque chose qu'on ne croie pas. Mais aujourd'hui on vit vraiment sur quelque chose qu'on ne croie guère.
L'exil est un saṃsāra, chez Beidao, ainsi que chez ce poète iranien exilé, Hossein Sharang.
"Soudain la nuit
très pure disparaît
lit de l'aube
flamant rose
le coq égorgé
a vu ce qu'il a vu
de loin"
Cette nuit le ciel parait vraiment foncée, avec des yeux d'étoile en bleu foncé de plus.