Shanghai
"On va s'embrasser au fond de quel boyau
Et dit à dieu à ce monde de merde"
Ce sont les dernières lignes du poème Écriture non dédiée à un copain du Dovey en mars 2004, un homme 10 ans plus âgé que moi, marié, ayant un enfant et un emploi stable. Il mène une vie comme ça et a écrit ce vers pour ces copains, qui sont tous ses lecteurs.
Ma vie a été bien semblable, comme ses copains et d'autres petits jeunes culturels de Shanghai. Tous les jours on va au boulot sous la pluie ou du soleil, jour après jour, printemps après été. On faisait un peu de culture, et les présentait sur notre forum ou blog. On faisait des petits spectacles, lectures ou d'autres rencontres, discrètement et indifféremment comme le rendez-vous des voyous à la tombée de nuit. On comprenait qu'est-ce que c'est l'Etat.
Les Shanghaiens aiment bien porter un prénom étranger car ils sont indifférents de tous, y compris leur identité chinoise. "L'identité de Chine est ce que Pékin porte, et ça ne me regarde pas. "
Les Shanghaiens ne t'écoute pas si tu leur parles des choses sérieuses, qui semble incompatible avec leur façon de vivre, de survivre et de se faire du plaisir. Ils ont leur façon de vivre et ils n'ont pas trop de choix. Les artistes ne font rien, et ce sont des petits jeunes artistiques qui travaillent.
Il y a des poèmes
Qui ne pourraient jamais être rappelés
Sans lecteur
Et n'ont été même jamais écrit
Comme des innombrable arbres constants dans cette ville
Ils n'ont pas eu la chance de survivre après avoir choisi d'être acharné
La majorité
Oubliée
--- "La masse" 19.07.2002
Les poètes se révoltent. Ils ne connaissent ni comprennent plus que les autres. Ils se révoltent comme ils veulent et personne ne les jette un coup d'oeil. Sur la terre maigre où ils ont grandi, ils sont nothing.
Les Shanghaiens ne donnent pas facilement leur confiance, comme dans le reste du pays. Ils sont humbles et corrects, ne croient en peu de chose, sauf l'argent. Best seller écrivaine Annbaby disait: l'argent est la seule chose qui pourrait la faire sentir la sécurité.
Un oiseau gris vole d'un arbre à l'autre, entre le toit et le ciel gris. Il est petit, solitaire et correct. Il n'a pas de souvenir.
(Photo from shanghaiphotos.net , by Digi)